COV : une odeur de scandale

COV : une odeur de scandale

Justin Masse


Technicien en solutions environnementales. Passionné par l'environnement, Justin est constamment à l'écoute des besoins des industriels afin de leur permettre de conjuguer efficacité et respect des enjeux climatiques. Toujours à l'affût des meilleures solutions qu'il aime à partager et faire connaître. Son odeur préférée est celle de la cannelle.

 

Les composés organiques volatils (COV) sont parmi les principaux contributeurs impliqués dans les réactions chimiques qui forment l’ozone troposphérique. Les COV sont, de façon générale, des substances formées d’au moins un atome de carbone et un atome d’hydrogène, présents dans l’air à l’état gazeux. La majeure partie des COV est émise par des activités anthropiques, notamment le transport, les activités industrielles et la combustion. 

 

Rappelons ici que l’ozone est le polluant numéro 1 pour l’île de Montréal et que Santé Canada nous met en garde face à l’exposition de ce contaminant. Les effets sur la santé humaine vont des problèmes respiratoires à l’irritation des yeux. Autre fait intéressant, les végétaux sont spécialement concernés par cette réalité. Il suffit d’une concentration minime d’ozone dans l’air ambiant pour nuire au mécanisme de photosynthèse et de respiration des plantes. Il est donc important de réduire tout agent qui participe à l’augmentation de ce smog nocif. 

 

Au Québec, nous avons plusieurs stations de contrôle des COV. La plupart se retrouvent dans la région métropolitaine de Montréal. Les COV sont classés en 5 familles : les alcanes, les alcènes et alcynes, les hydrocarbures aromatiques monocycliques, les hydrocarbures halogénés et les aldéhydes et cétones. Ici, la méthode EPA TO-11A concerne les composés de la famille des aldéhydes et cétones alors que la méthode EPA TO-14A s'applique à tous les autres composés. 

 

L’importance des classifications et définitions

 

Définir avec précision les COV et leur volatilité est essentiel, car plusieurs régions métropolitaines sont à élaborer des réglementations en matière de faible teneur en COV (50 g / L) et des programmes qui réduisent les émissions de COV afin d’atteindre les normes de qualité de l’air ambiant. Il y a un important problème car les experts ne s’entendent pas quant à la méthode de mesure. Ce cas est particulièrement vrai aux États-Unis où les lobbys de l’industrie chimique ne sont pas pressés de voir leur “top vendeurs” sous restriction.

 

Là-bas, les différentes méthodes de test peuvent entraîner des classifications de volatilité incohérentes ou inconsistantes pour des composés identiques, entraînant potentiellement une inefficacité lors de la création des réglementations environnementales ou pire, l’exclusion de potentiels composés alternatifs préférables dans les formulations hautement volatiles. 

 

Différentes méthodes

 

Dans un but de contrôle, différentes méthodes de mesure ont vu le jour pour différents types de produits. Le test D2369 mesurait les liquides d’enduction (coatings). Le test D24 ajoutait à la liste lubrifiants, teintures, encres et produits nettoyants. La ASTM Standard Test Method développa la méthode par chromatographie en phase gazeuse soit la D6886 et aujourd’hui la M313. 

 

Ensuite, certains utilisateurs emploient différentes méthodes et les appliquent à leur manière. Par exemple, toujours aux États-Unis, l’agence de Protection Environnementale (EPA) a retiré le point d’ébullition comme facteur pour mesurer la volatilité ; la California Air Resources Board (CARB) et l’Ozone Transport Commission (OTC) excluent, quant à eux, les solvants qui ont plus de 12 atomes de carbone, etc. Même les résultats ne sont pas standardisés. L’un utilise la pression de vapeur, un autre la masse additionnelle d’ozone et d’autres la vitesse d’évaporation.

 

Dans la plupart des cas, on classifie les résultats en pourcentage d’évaporation sur une période de 6 mois et cela se résume comme suit : composés non volatils, semi-volatils et volatils. Respectivement : moins que 5% d’évaporation en 6 mois, entre 5% et 95% en 6 mois et plus de 95% en 6 mois. Certaines réglementations locales voient à ce que les composés volatils soient remplacés par des composés non-volatils.  

 

Comparaison impossible

 

On comprend donc l’inefficacité monstre lorsqu’un composé semi-volatil qui s’évapore à une vitesse de 6%/6 mois se retrouve comparé à un composé qui s’évapore à une vitesse de 94%/6 mois. La distance entre volatils et non-volatils rend la substitution des produits très compliquée puisque le nombre de composés de la catégorie non-volatile est insignifiant comparée à celui de la catégorie semi-volatile. La substitution de produits à haute teneur en COV pourrait déjà avoir été facilitée. 

 

Les heures de recherche et les coûts engendrés par cette substitution inefficace ont des conséquences graves pour l’environnement. Et pendant ce temps, les industries continuent d’utiliser des produits forts en COV et payent des amendes et pénalités plutôt que de graduellement réduire leurs émissions en passant à des produits semi-volatils qui réduiraient grandement les impacts négatifs. 

 

Les différentes industries seraient beaucoup moins polluantes si ce n’étaient des standards peu rigoureux et de la classification des résultats sans cohérence. 

 

Les idées avancées ici fournissent de nombreuses raisons pour justifier une réévaluation des normes réglementaires. Les définitions actuelles peuvent conduire à des réglementations qui excluent des alternatives viables. Ces limitations ont comme effet de ralentir la substitution de produits chimiques susceptibles de réduire les inconvénients sur l’environnement que vise la réglementation.

 

Il nous faut donc prendre le temps de discuter des forces et des faiblesses de chaque méthode de test et règlement. Les résultats de ces travaux pourront être extrêmement utiles pour raffiner chaque méthode de test et c’est à ce moment là que les résultats pourront refléter plus précisément la réalité des émissions de COV.

 

Définitions
Ozone troposphérique :
L'ozone est dit troposphérique quand il est situé dans la troposphère. Dans cette dernière, c’est un polluant produit principalement par la transformation, sous l’effet du rayonnement solaire, des oxydes d’azote et des composés organiques volatils émis majoritairement par les activités humaines.

Anthropique : Fait par un être humain ; dû à l'existence et à la présence d'humains.

Rédigé par Justin Masse